Church of the XV-XVI century, which features various styles from the Mannerist, Baroque and Rococo. The altarpiece of the high altar, murals of the dressing room and the bell tower are from the Baroque period.
ABOUT CONFINEMENT:
"At rest in a room"
by Gaspard Koenig
Are the containment measures preparing for an epidemic of depression? A study published in the scientific journal General Psychiatry analyses the disorders linked to forced isolation in China and Hong Kong: anxiety, depression, phobias, compulsive behaviour, which can degenerate into severe psychological distress in 5% of subjects. How to (re)learn to live alone with oneself?
The study seems to give reason to Pascal, who in his famous thought 192 on the misery of man noted "that all the misfortune of men comes from not knowing how to rest in a room". Accustomed to frenetic entertainment, fleeing from the reality of our condition in gambling as in business, we take refuge in a perpetual dissatisfaction, always filled with new and vain challenges. When we suddenly find ourselves face to face with ourselves, what do we see? An "unavoidable mass of misery", punctuated by certain death, with or without coronavirus.
If loneliness is so painful for us, it is because the "I" is hateful. "The man who loves only himself hates nothing but being alone with himself. "He then measures the emptiness of his being. Except in religion, the object of the no less famous Easter wager, no peace is possible for a humanity that loves the excitement of the hunt but immediately turns away from the catch. Parisians spinning in their fifty square meters will have all the leisure, once the premium content of Pornhub (offered by the platform because of viruses!) is exhausted, to meditate on the inconsistency of their desires.
We nevertheless know a predecessor of Pascal's who was perfectly happy in his room: Michel de Montaigne. Refugee from the tumult of the Court in his Gascon estate, he spends his days in a vast circular library: "there I leaf through a book at this hour, at this hour through another, without order and without drawing, with loose pieces". He recommends that everyone should have a "corner" where they can withdraw from society as well as from their own family. He said: "A wretch who has no home, no place to belong".
This voluntary confinement can only bear fruit if it is accompanied by work on oneself. "The loneliness that I love and preach is, above all, only to bring my affections and thoughts back to me. "It is by first becoming oneself that one can then take care of the affairs of the world. The ego may be hateful in its raw state, but it takes on consistency as one examines it - which is the whole point of the Essays, trying to grasp, through an exposed soul, what is universal in humanity.
This recipe did not escape Stefan Zweig, exiled to Petropolis in the middle of the World War. Zweig devoted his last biography to Montaigne. In order to "remain faithful to his innermost self in times of mass madness", he wanted to step back from his tormented era. In vain, since he committed suicide in February 1942. Let's hope that confinement works better for us!
Gaspard Koenig
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"En repos dans une chambre"
par Gaspard Koenig
Les mesures de confinement préparent-elles une épidémie de dépression ? Une étude parue dans la revue scientifique General Psychiatry analyse les troubles liés à l’isolement forcé en Chine et à Hongkong : anxiété, dépression, phobies, comportements compulsifs, qui peuvent dégénérer en une détresse psychique sévère chez 5% des sujets. Comment (ré)apprendre à vivre seul avec soi-même ?
L’étude semble donner à raison à Pascal, qui dans sa fameuse pensée 192 sur la misère de l’homme constatait « que tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas se tenir en repos dans une chambre ». Habitués à un divertissement frénétique, fuyant la réalité de notre condition dans le jeu comme dans les affaires, nous nous réfugions dans une insatisfaction perpétuelle, toujours remplie de nouveaux et vains défis. Quand nous nous trouvons soudain face à nous-mêmes, qu’y voyons-nous ? « Un amas de misères inévitables », ponctuées par une mort certaine, avec ou sans coronavirus.
Si la solitude nous est si pénible, c’est que le moi est haïssable. « L’homme qui n’aime que soi ne hait rien que d’être seul avec soi. » : il mesure alors la vacuité de son être. Hormis dans la religion, objet du non moins célèbre pari pascalien, pas de tranquillité possible pour une humanité qui aime l’excitation de la chasse mais se détourne aussitôt de la prise. Les Parisiens tournicotant dans leurs cinquante mètres carrés auront tout le loisir, une fois épuisé le contenu premium de Pornhub (offert par la plateforme pour cause de virus !), de méditer sur leur l’inconsistance de leurs désirs.
On connaît néanmoins un prédécesseur de Pascal qui était parfaitement heureux dans sa chambre : Michel de Montaigne. Réfugié du tumulte de la Cour dans son domaine gascon, il passe ses journées dans une vaste bibliothèque circulaire : « là je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessin, à pièces décousues ». Il recommande à chacun d’avoir un « coin » où se soustraire de la société comme de sa propre famille. « Misérable qui n’a chez soi, où être à soi ».
Cet enfermement volontaire ne peut porter ses fruits que s’il s’accompagne d’un travail sur soi. « La solitude que j’aime, et que je prêche, ce n’est principalement, que ramener à moi mes affections, et mes pensées. » C’est en commençant par devenir soi-même que l’on peut ensuite s’occuper des affaires du monde. Le moi est peut-être haïssable à l’état brut, mais il prend de la consistance à mesure qu’on l’ausculte – ce qui est tout l’objet des Essais, tâchant de saisir, à travers une âme mise à nu, ce qu’il y a d’universel dans l’humanité.
Cette recette n’échappa pas à Stefan Zweig, exilé à Petropolis en pleine guerre mondiale. Zweig consacra en effet sa dernière biographie à Montaigne. Soucieux de « demeurer fidèle à son moi le plus intime en des temps où les masses sont prises de folie », il voulut prendre du recul sur son époque tourmentée. En vain, puisqu’il se suicida en février 1942. Espérons que le confinement nous réussisse mieux !
Gaspard Koenig
