On pourra reprocher beaucoup de choses à Michel Hazanavicius, à propos de son nouveau film, The Search, mais pas d’avoir manqué de courage. Après le phénoménal succès de The Artist, l’homme des parodies d’OSS117 s’est embarqué dans un grand film de guerre sur le conflit tchétchène, doublé d’un remake d’un classique hollywoodien oublié de 1948 (Les Anges marqués, de Fred Zinnemann avec Montgomery Clift). Exercice périlleux qui lui a valu de se retrouver en compétition pour la deuxième fois à Cannes. Mais, cette fois, l’accueil n’a pas été aussi enthousiaste.Sifflé en séance de presse (mais applaudi en séance officielle), le réalisateur nous avait expliqué ses choix…
N’était-il pas risqué de changer si radicalement de registre?
Je n’ai jamais eu l’impression de faire des films simples. Tous sont nés d’un désir très fort.Celui-là était de raconter une guerre que seuls les reportages d’actualité ont montrée et qu’on a déjà presque oubliée. J’ai essayé d’être au plus près de l’humain, d’avoir un rapport plus direct aux personnages et à l’histoire.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de parler de la guerre en Tchétchénie?
Quand on commence à s’intéresser à la Tchétchénie, la question de la pertinence du sujet ne se pose plus. C’est plutôt l’inverse : pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt? Vous avez tous les ingrédients de la guerre moderne. Cela pose la question de l’attitude de la communauté internationale et du contrôle de l’information. Après le succès de The Artist, je pouvais faire ce que je voulais et ce film m’a semblé la bonne chose à faire.
Pourquoi vous être inspiré du film de Fred Zinnemann qui date de 1948?
Un copain réalisateur, Nicolas Saada me l’a fait découvrir en DVD et d’un coup, j’ai mis ce film en relation avec mon envie de faire un film sur la Tchétchénie. Peut-être parce que la démarche de Zinnemann était un peu la même.Il a été parmi les premiers à traiter le sujet de la déportation dont on ne parlait pas à l’époque. Et le procédé du mélo fonctionnait bien pour ce que je voulais raconter…
Le conditionnement du jeune soldat russe rappelle beaucoup la première partie de Full Metal Jacket…
C’était difficile de ne pas y penser! Vous pensez bien que je n’allais pas m’amuser à me comparer à Kubrick, ni à croire qu’on joue dans la même cour. Le problème, c’est qu’on n’a plus le droit de rien filmer, si on s’en tient là. Pour être réalisateur, il faut être un peu inconscient ou stupide. J’ai juste évité de revoir le film le problème et essayé d’être différent.
Comment avez-vous composé votre casting?
En plus de Berenice, je voulais une actrice hollywoodienne pour enrichir le film de sa présence, toujours dans l’idée du remake de Zinnemann. Annette Bening qui en plus d’être une excellente actrice est quelqu’un de concerné politiquement incarnait cette volonté à merveille. Elle a accepté un tournage long et lointain et a été d’une simplicité épatante.Les acteurs Russes m’ont épaté par leur talent et leur professionnalisme.Pour les acteurs non professionnels on a fait des castings dans les villages et choisi des personnalités proches de celles des personnages. Partout, on a rencontré une adhésion au projet qui faisait chaud au cœur.
Ressentez-vous une pression particulière après l’incroyable succès de The Artist?
Non, car justement c’est très éloigné de The Artist et de ce que j’ai fait avant.Il ne peut pas y avoir de comparaison.J’espère juste que le public aimera le film pour ce qu’il est.
Sign-in to write a comment.