C'est avec mes pensées de besogne quotidienne que je rentre chez moi jeudi soir. J'embrasse ma femme et commence à retirer le manteau qui m'a tenu chaud pendant le trajet de retour du travail. Avec ce beau soleil, je vais à pied. C'est une petite demi-heure de marche qui me permet de décompresser un peu. Ce jeudi avait été particulièrement chargé et je n'avais pas complètement évacué mes pensées professionnelles.
Odile me parle en même temps que mon cerveau travaille encore :
- "Nous avons reçu un coup de fil." "Il faut attendre le retour d'Aymeric..." "C'est ta soeur" "il ne sera pas trop tard" "Elle nous invite" "il faut les faire patienter" "il y a plein d'oiseaux sur le Der" "les machines tiendront bien jusqu'à lundi".
Pardon ! Qu'est ce que tu as dit ?
- "Nous avons reçu un coup de téléphone de Françoise. Elle nous invite ce week-end, il y a plein d'oiseaux sur le Der. Elle a rencontré un ornithologue. Il lui a dit que dans trois jours il n'y aurait plus rien. Il faut en profiter. Bernadette sera de la partie."
Une semaine qui démarre mal finit souvent bien mais le vendredi fut tout de même bien long. Un souci de dernière minute. Je quitte vers dix-neuf heures trente. Sur le chemin de retour, pas une pensée pour le travail. L'idée de ces samedi et dimanche près des grands lacs avec mes soeurs et la famille, à coté des grues, des sarcelles et des chevreuils, aucune autre pensée ne pouvait la remplacer.
Le lac du Der se situe entre mon domicile et celui de Françoise. Nous nous donnons rendez-vous sur la digue pour treize heures. J'arrive avec Odile bien plus tôt et profite de cette avance pour faire un détour par la presqu'ile de Larzicourt. Le vent souffle fort. Il fait froid. Sur la plage quelques corneilles luttent contre le vent. Pour nous protéger, nous rentrons dans le bois tout proche. Les mésanges à longues queues nous font un accueil. Je prends quelques photos mais elles sont à contre-jour. Après la forêt, de nouveau le lac. Ce coté est un peu plus protégé mais le froid est encore présent. Pas un seul oiseau en vue. Nous revenons vers la voiture.
En retraversant le bois, les chants d'oiseaux retiennent notre attention. Ce ne sont pas des zinzinulations de mésanges mais des fringottements de pinson. Ils sont là tout près. Je réussis quelques clichés. Quelques notes explosives faites de "Chick" et de "Kick" sont proches. Elles sont suivies de coups sur les arbres. Ce ne sont pas des roulements de tambour mais de petits coups espacés. C'est le pic épeiche. Ils sont au moins trois. Ils passent de branches en branches en un vol ondulant. Après cette petite scéance de photo récréative, nous rejoignons l'endroit prévu pour la rencontre.
Le site de chantecoq est à quelques kilomètres. Nous empruntons le chemin sur digue. Le bord du lac est rempli d'oiseaux. Nous nous dirigeons vers le parking près de l'observatoire. Nous stationnons la voiture, mangeons une petite croûte. Le temps est froid, nous mangeons rapidement l'oeuf cuit la veille, la tomate accompagnée de mayonnaise et le classique sandwich au jambon. Rapidement nous rangeons la cantinière. Un petit café sorti de sa thermos nous réchauffe. Nous sortons le matériel et fermons la voiture.
Une approche du lac à cet endroit nous laisse froid. Un vent glacial nous fouette le visage et pas un oiseau sur le lac. Si, un rouge-gorge blotti derrière un buisson de branches sans feuille. Pas de quoi alimenter la carte mémoire du boitier.
Le téléphone mobile sonne. C'est Françoise. Elle signale que le reste de l'équipe sera là d'ici une demi-heure. Nous changeons l'endroit de la rencontre. Nous nous retrouverons à l'entrée du chemin sur digue, là où Françoise a fait son repérage, là où nous avions vu, depuis la voiture, les oiseaux attendus. Le temps de monter avec le matériel sur la digue, une cigogne passe. Le signe certain d'une bonne récolte, nous n'avons plus l'âge d'avoir des bébés ...
Quelques minutes après nous nous retrouvons. Françoise arbore son nouveau boitier. Bernadette est équipée de son bridge. A nous trois le Der a intérêt à bien se tenir. Nous commençons le mitraillage en règle de tout ce qui bouge. D'abord nous remarquons les oies cendrées et les canards. Ce sont les plus nombreux. Puis nous commençons à repérer les canards colverts et les siffleurs puis les sarcelles. Françoise nous indique bécassines et chevaliers. Il y a de la couleur et de la vie, quelques vols et des plongeons.
Il faut reculer du bord de la digue pour se mettre à l'abri du courant d'air froid. Là le soleil arrive à nous réchauffer. Nous nous déplaçons un peu. Plus loin, quelques grues sont restées près du lac. Elles ne sont pas allées au gagnage. Elles préfèrent discuter avec les canards. Elles se cachent des curieux en passant derrière les roseaux. Au loin, les cormorans. Ils sont passés au dessus de nous il y a quelques minutes. Ils se mélangent à quelques cygnes.
Après quelques heures, nous décidons de rentrer. La route est sinueuse, elle passe à travers champs. Parfois, un étang, un petit bois nous oblige à l'arrêt. Nous rencontrons encore quelques grues. Elles s'apprêtent à partir et s'envolent. C'était une jolie journée de famille.
Merci de partager par récit et avec de si belles photos.
Alain Gobert has replied to Dann GodetSign-in to write a comment.