J’avais raison ce matin. La pintade aux pommes, c’est excellent. Le repas a démarré avec une bouteille dont l’étiquette était absente. Est-ce du vin ? Pas sur. Goutons voir. C’est du vin de noix… Non un vin de groseille … Peu importe, en guise d’apéro cela fera l’affaire. Mais qui donc nous a offert cette bouteille ? Quelqu’un de bien c’est sur. Nous ne sommes que deux à table mais la pintade disparait presque totalement du plat. Après la ballade du matin cela fait du bien. Un petit café et nous voilà reparti pour la promenade.

Cette fois direction Ste-Menehould. Plus exactement, la Grange aux bois. C’est un petit village départ de promenades en forêt d’Argonne. Cette fois-ci nous ne nous trompons pas. En venant de « Menou », il faut prendre la première rue à droite et suivre l’indication « Parcours de santé ». La dernière fois nous avions du faire demi-tour. Nous avions poussé la voiture trop loin.

Nous reconnaissons le chêne creux. C’est un chêne rouvre dont la partie centrale du fut a disparu. C’est un phénomène normal car la sève ne circule plus qu’à la périphérie des vieux arbres. Celui-ci a près de 600 ans et a supporté plusieurs incendies intérieurs.

Le parking n’est pas loin. Nous y garons la voiture, changeons les chausses de villes pour des chaussures de marches. Il faut que je pense à en acheter de nouvelles, le pourtour de celles-ci se décolle. Je vais bientôt prendre l’eau.

Le chemin démarre par un sentier botanique. Celui-ci est très complet et très documenté malgré une réalisation plutôt artisanale. On sent que l’auteur de ce sentier aime la nature et qu’il la connait sur le bout de ses doigts. Déjà on entend les oiseaux.

Il y a du monde dans cette forêt domaniale et les cris d’enfants font plaisir à entendre. Est-ce que cela va gêner les oiseaux. Il faut croire que non car les premières mésanges traversent le chemin sans se soucier du chien tenu en laisse par un couple de promeneur. C’est lui qui tient la laisse, il a le corps penché en arrière, la laisse tendue par un chien ravi de sentir les odeurs de gibiers potentiels.

Les mésanges sont petites et plutôt blanches par ici. Ce sont des mésanges nonettes ou boréales. Il faut être spécialiste pour distinguer l’une de l’autre, elles sont sosies et ne se reconnaissent vraiment qu’à leur cri.

Plusieurs arbres ont été visités par des pics. J’ai vraiment envie, comme ce matin, de les voir. Un arbre semble accueillir leur gite. Un grand trou large et évasé est visible du chemin. Je coupe à travers bois pour prendre un souvenir photographique de l’endroit. Je tends mon objectif dans la direction, déclenche la photo quand une petite cousine du pic, la sitelle torchepot, vient fourrer son bec dans le trou et en ressort aussitôt. Tout juste eu le temps de prendre une jolie photo.

Les nonettes sont nombreuses, occupées à se chamailler un morceau de la rare nourriture que leur laisse l’hiver. Nous quittons le parcours de santé. Il y a vraiment trop de monde. Un chemin en surplomb d’un vallon semble plus tranquille. Nous nous y aventurons. Après quelques dizaines de mètres sans rencontrer le cri d’un oiseau, nous décidons de descendre vers le chemin situé un peu en contrebas. Il faut couper à travers la forêt.

Arrivé près du chemin, il faut se rendre à l’évidence, il faut sauter plus bas. Un bon mètre de talus nous sépare de la piste. Nous longeons le bord de la sente pour trouver un endroit bien moins haut. Un petit passage semble avoir été tracé par des animaux, nous nous y rendons. Après avoir glissé sur les feuilles, la main qui a retenu la chute est pleine de terre mais le matériel est sauf. C’est un lieu de passage des bêtes, pas des humains. Nous commençons le retour lorsqu’Odile me signale la présence d’un troupeau. Ce sont des sangliers qui se dirigent droits vers nous. Après ce que les iperniciens m’on raconté sur les photos de sanglier prises dernièrement par mes soins, je me prends à avoir peur. Je ne maîtrise pas l’appareil prends des photos dans tous les sens en me reculant du passage des animaux. En fait, le troupeau fait demi-tour. Ils ont bien plus peur que nous. Je réussis une photo qui montre leur derrière en les regardant monter agilement le mètre de talus que nous avions eu tant de mal à descendre. Nous reprenons notre chemin lorsqu’un vieux mâle en retrait sort d’on ne sais où. Il panique en nous voyant et monte le talus aussi simplement que les plus jeunes malgré son âge.

Le chemin du retour ne semble pas plus propice aux rencontres animales. Au loin, un tintement métallique régulier se fait entendre. Qu’est ce que cela peut bien être ? Je sais que les pics peuvent tambouriner les arbres mais aussi les poteaux métalliques mais ce bruit semble se rapprocher. Il vient du fond de la vallée. Deux chiens avec un gros collier rouge font tinter leurs grelots. Ils suivent la trace des sangliers.

Nous nous arrêtons de temps à autre pour écouter la nature. Sans feuillage, les arbres sont silencieux. Seuls les grelots qui tintent au loin se font encore entendre. Plus loin, sur un arbre une ombre bouge. C’est un pic. C’est LE pic que je cherche depuis des semaines. Je n’en verrais pas plus. Il s’envole dans un cri de moquerie. Ca ne fait rien, je reviendrais.

Nous rentrons tranquillement. Le ciel rosit. Nous nous arrêterons près du plan d’eau sur le retour. Le ciel est sur le point de s’habiller de ses plus beaux atours. Sur le chemin j’imagine voir les cygnes ouvrir leurs ailes dans ce ciel magnifique. C’est encore mieux, c’est une aigrette. Le feu est sur l’eau. Une photo de l'endroit ne transpirera pas le dixième de la beauté du moment.

Le ciel nous accompagnera le long de la route jusqu’au retour de la voiture au garage.

Une journée de soleil est capable de faire oublier trois semaines de travail difficile et de fatigues accumulées. C’est par cette phrase que mon récit doit terminer.