Dans la série « Merci Thierry » (définitivement notre hashtag préféré de Cannes 2016), après les trois heures d’engueulades familiales en roumain dans le texte, filmées dans un 3 pièces cuisine de la banlieue de Budapest (Sieranevada), l’accouchement en live frontal et la sodomie-euthanasie de Rester Vertical resteront dans les annales festivalières. Pour sa première participation à la compétition, l’Aveyronnais Alain Guiraudie, qui avait déjà bien émoustillé Un Certain Regard en 2014 avec L’Inconnu du Lac (Prix de la mise en scène), n’a pas déçu, bien au contraire. On peut même dire qu’il a mis le paquet!

Dans Rester Vertical (qui mérite déjà la palme du meilleur titre de l’édition), il s’attache aux pas de Léo (Damien Bonnard - comme son nom l’indique), un scénariste venu chercher l’inspiration en Lozère pour un film sur la réintroduction du loup (et plus si affinités). Sur le grand causse (filmé en panoramique), il rencontre une bergère avenante, Marie (India Hair, comme son nom l’indique aussi), à laquelle il fait dare-dare un bébé.D’où la fameuse scène d’accouchement. Lorsque, victime d’un méchant baby blues, celle-ci le quitte en lui laissant le marmot sur les bras, Léo pense à se consoler avec son beau-père, rude paysan au physique délicat de pilier de rugby écossais, puis avec un garçon de ferme plus sexy, avant de finalement jeter son dévolu sur un vieillard amateur de Pink Floyd plein pot, qu’il aidera à quitter cette vallée de larmes en le sodomisant.Ce qui permettra au journal local (toujours mal intentionné) de titrer vicieusement : « Il sodomise le vieil homme avant de l’euthanasier sous les yeux de son bébé ».N’ayant pas eu le temps d’écrire un traître mot de scénario, Léo se retrouve à la rue et finit comme berger chez son ex-futur beau-père. Dans une allégorie finale de haute volée, les deux hommes se retrouvent sur le causse, cernés par les loups et la signification de la fable apparaît enfin, lorsque Léo déclame : « Tant qu’on reste debout, il n’y a rien à craindre.Il faut qu’on reste bien droits ».C’est beau comme l’antique, mais certains festivaliers risquent de trouver ça un peu raide.