Espéranto : la langue universelle

invite Tintin pour faire voyager ses

mots

mardi 18.05.2010, 05:11 - La Voix du Nord

Michel Dechy vient de sortir un livre de cours d'espéranto basé sur les aventures de Tintin.

Président de Lille-Villeneuve Espéranto, Michel Dechy vient de sortir un livre de cours, basé sur la BD d'Hergé. Ne le prenez surtout pas pour le Pr Tournesol. Cet ancien prof de maths, père d'une ancienne star du tennis mondial, aime cette langue inventée au XIXe siècle pour son défi intellectuel et son humanisme. Et aussi pour les rencontres insolites de la communauté espérantophone.



PAR MARIE VANDEKERKHOVE

villeneuvedascq@lavoixdunord.fr PHOTO LA VOIX

De Villeneuve-d'Ascq, le monde vient à lui. Du moins les gens qui pratiquent l'espéranto, difficiles à compter. Ils seraient entre 100 000 et dix millions à le parler sur les cinq continents.

« Récemment, un Coréen m'a téléphoné en espéranto. Sa fille faisait ses études à Villeneuve-d'Ascq, il était sans nouvelles d'elle. Je suis allé la voir et j'ai pu le rassurer », explique le sexagénaire villeneuvois.

Une autre fois, c'est un coup de fil reçu d'une Chinoise en Allemagne.

« Elle avait besoin de quelqu'un qui l'accueille à Lille. Je lui ai fait visiter la ville et lui ai servi d'interprète, en espéranto, avec un universitaire villeneuvois. J'ai appris ensuite qu'elle était vice-présidente de l'université de Nankin et parlait couramment le français ! », rit encore le retraité.

La démarche lui a plu : quand deux personnes parlent l'espéranto, aucune ne prend l'ascendant sur l'autre. Le concept de langue maternelle est caduc.

C'est la base de l'invention de Zamenhof, un médecin polonais qui, en 1887, publie son projet sous le nom de « Lingvo Internacia », langue internationale. Son pseudonyme : « Doktoro Esperanto », docteur qui espère. L'utopie guidera la langue, beau symbole. « Ce médecin croyait qu'en se comprenant mieux, les gens se haïraient moins », philosophe Michel Dechy.

L'ancien prof au collège Molière de Villeneuve-d'Ascq est venu à l'espéranto il y a une dizaine d'années. La grammaire a séduit son esprit cartésien. Car, pour parler couramment la langue de Zamenhof, c'est la méthode qui compte.

L'avantage, c'est qu'il existe seize règles de base, sans aucune exception. L'espéranto est construit à partir de langues pré-existantes, anglo-saxonnes, latines ou slaves. Et se compose de 28 lettres, dont 18 se prononcent comme en français. Autre facilité : la racine d'un mot se décline en adjectif, en substantif, en verbe, suivant qu'on y ajoute un -a, un -o, ou un -i. « C'est pour cela qu'on l'appelle langue agglutinante, comme le japonais, le turc ou le swahili », décrypte Michel Dechy.

Il le promet : « On apprend en un mois d'espéranto autant qu'en un an d'une autre langue. Moi-même, je suis devenu formateur après seulement un an et demi de pratique. » C'est le message qu'il envoie lorsqu'il intervient dans les écoles, à l'université ou dans les conférences qu'il anime de par le monde.

L'espéranto serait un bon tremplin pour l'apprentissage d'autres langues. Mais aussi d'autres cultures car il ouvre des portes. « Lorsque ma fille Nathalie a joué Wimbledon en 2002, je l'ai rejointe à la dernière minute, grâce à la communauté espérantophone. J'avais l'impression de dormir chez de vieux cousins... » Ces prochains jours, sa langue utopique l'enverra à Kaiserslautern, en Allemagne, ou à Saint-Petersbourg, en Russie. En ambassadeur infatigable de mots pleins d'humanisme!