L'Alsace.fr 30 octobre 2009



Neuf élèves seulement pour l’instant, assistent à ce cours dispensé par Edmond Ludwig, prof d’allemand à la retraite. Photo Dom Poirier




Depuis la rentrée, la langue internationale est enseignée deŭ heures par semaine, à l’université de Haute-Alsace, à Mulhouse.

OAS_AD('Position1'); « Bonan tagon. Cu vi parolas espéranton ? ». À la faculté de lettres, langues et sciences humaines (FLSH) de l’Université de Haute-Alsace, Edmond Ludwig accueille ses élèves. Elles sont neuf, pour l’instant -étudiantes en langues ou en histoire pour l’essentiel- à suivre ce cours de deŭ heures par semaine pour s’initier à la langue internationale espéranto. Prof d’allemand, aujourd’hui à la retraite, Edmond Ludwig est aussi le président de l’association Espéranto France-Est. « J’ai appris cette langue par correspondance il y a trente ans, raconte-t-il. En neuf mois, j’étais devenu capable de l’enseigner. »

On doit l’initiative de cette nouvelle UE (unité d’enseignement) libre à Yann Kerdilès, doyen de la FLSH, une fac où s’enseignent également le yiddish et l’alsacien… « La langue internationale espéranto ne pouvait plus être ignorée, écrit M. Kerdilès. Reconnue par l’Unesco depuis 1954, énormément utilisée dans les E-mails, rendue visible par une wikipedia de 100 000 articles, diffusée sur de nombreuses radios, sans oublier son édition spéciale du Monde Diplomatique, il fallait bien reconnaître que pour le milieu universitaire, elle était devenue incontournable. »

Pourtant, elle demeure confidentielle. « Elle a été enseignée dans des facultés à Aix, Clermont et Paris, mais ce n’est plus le cas, et à ma connaissance, nous sommes donc les seuls en France à la proposer », précise Edmond Ludwig.

Au bout de trois semaines

Ce ne sont pourtant pas les atouts qui manquent à cette langue née dans un idéal de paix. L’espéranto, simple à apprendre par tous, a été conçu à la fin du XIX e siècle par Ludwig Zamenhof, un ophtalmologue polyglotte qui vivait à Bialystok, cité polonaise où coexistaient quatre communautés différentes qui ne se parlaient guère (Polonais, Russes, Allemands et Juifs).

« C’est la plus facile des langues vivantes. Au bout de trois séances, on arrive à dire tout un tas de choses, assure Edmond Ludwig. À la fin du premier semestre, mes étudiantes sauront se débrouiller. Allez voir dans un collège. Au bout de quatre ans d’anglais ou d’allemand, on ne sait pas lire comme ça ! » s’enflamme l’enseignant à la troisième heure de cours.

La simplicité

Malgré cette simplicité, ou grâce à elle, « on peut tout traduire en espéranto, assure M. Ludwig. Au niveau de la communication internationale, du tourisme, de la presse et de la littérature, cette langue a fait ses preuves. »

Par ailleurs, l’espéranto est une porte ouverte sur d’autres langues, que l’on apprend ainsi plus facilement. Un argument avancé par plusieurs des étudiantes présentes.

Une autre élève, mère de famille venue en auditrice libre, pratique déjà l’espéranto depuis six ans. « Je lis beaucoup et je voyage grâce à cette langue », affirme-t-elle, en présentant son « passeport », une sorte de guide du routard en espéranto. « On y trouve des adresses dans tous les pays du monde, où l’on est assuré d’être reçu par des personnes parlant l’espéranto, et qui vous accueillent gratuitement pour une nuit. »

Ces arguments sauront-ils convaincre un monde étudiant encore bien sceptique, si l’on en juge au nombre de participants au cours de l’UHA ?

Hélène Poizat

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