Construit en 1601 par Gurû Arjan, le cinquième maître spirituel du sikhisme, le temple est localisé au centre d'un bassin sacré, « l' Amrit Sarovar », qui donne son nom à la ville et signifie « Bassin au Nectar ». Les pèlerins y accèdent en empruntant un pont de marbre. Le surnom de « Golden Temple » (Temple d'Or) a été donné par les anglais, en raison de la fine pellicule d'or dont la toiture en forme de dôme, a été recouverte au XIXème siècle. Les façades sont couvertes de cuivre. Quant aux fondations, elles sont en marbre.
Si l'édifice fait l'objet d'une grande dévotion de la part des Shiks, il est également fréquenté par les musulmans et les hindous.
Outre les poèmes sacrés récités et chantés en guise de prières, au coeur du temple, le Bassin du Nectar qui l'entoure, revêt également une signification spirituelle. Hommes et femmes viennent s'y baigner pour se purifier. Les eaux auraient une vertus curative selon les dévots et faciliteraient la réalisation des voeux.
Ce bain purificateur est l'un des rares rites observés par les Sikhs. En effet, le sikhisme est une religion sans véritable clergé, ni rituels imposés. Hormis ces bains et l'obligation pour les hommes de ne jamais se couper les cheveux, ni la barbe, les Sikhs ne croient pas au paradis, ni à l'enfer. Pas plus qu'à la réincarnation comme obligation. Pour eux, mieux vaut avoir une bonne conduite dans sa vie terrestre pour limiter les « transmigrations » de l'âme.
Ils sont généralement pragmatiques et en prise avec les réalités du monde. S'ils croient en un dieu unique, celui-ci ne peut pas leur venir en aide. Les pratiquants ne lui demandent donc rien. En revanche, il est source d'inspiration pour sa conduite individuelle au quotidien. En suivant ses préceptes, il aide à vivre en totale harmonie avec les autres, sans distinction de race, de religion ou de sexe. La tolérance et l’entraide étant deux des principes fondateurs du sikhisme.
Profondément égalitaire, cette religion monothéiste a été fondée par Gurû Nanak (1469-1539). Il est le premier d'une lignée de dix gourous dont la succession se faisait par cooptation de son prédécesseur. La lignée des gourous prend fin en 1708, lorsque le neuvième du nom, Gobind Singh, désigna le livre saint, le « Guru Granth Sahib » pour lui succéder. Il venait de faire de ce livre, le maître éternel du sikhisme.
Une philosophie originale
inspirée du meilleur de l’hindouisme et de l’islam
Gurû Nanak, le premier maître, déçu par l'hindouisme et l'islam à qui il reprochait d'exacerber les haines et de générer de profondes inégalités, se serait employé, selon la légende, à ne prendre que ce qu'il estimait positif dans ces deux religions. Loin de se résumer à un simple mélange de religions, le sikhisme est une philosophie véritablement originale, qui prône la tolérance et l'égalité. Avec ses vingt-cinq millions d'adeptes dans le monde, il se place au cinquième rang des religions par le nombre de pratiquants.
Malgré ces généreux préceptes, le gourou, Gobind Singh, créa un ordre guerrier à la fin du XVII ème siècle pour s’opposer à l’oppression exercée par le pouvoir moghol. Cet ordre est inspiré par l'un des textes du sikhisme qui précise en substance, qu'il est légitime de tirer l'épée, si tous les recours ont été épuisés. Dès lors, le métier des armes devient une tradition. Aujourd'hui encore, nombre de Sikhs sont membres de l'armée et de la police.
Au cours de l'histoire, ces fougueux combattants, cavalier émérites, qui ont également une fonction religieuse en colportant oralement les textes sacrés, se distinguèrent par leur bravoure contre les Moghols, les Afghans, puis les Anglais.
Si cette philosophie tend à promouvoir un monde fraternel, cela n'a pas empêché les moines-guerriers sikhs de massacrer nombre de musulmans lors de la partition de l'Inde, après l'indépendance.
Opération Blue star
Le Temple d'Or a lui aussi été le théâtre d'un massacre en juin 1984, dont les Shiks ont été les victimes à leur tour. Occupé par un groupe d'indépendantistes sikhs sous les ordres de Jarnail Singh Bhindranwale, après l'échec des négociations avec la Fédération indienne, l'assaut est ordonné par le premier ministre de l'époque : Indira Gandhi.
A l'issue de la bataille, on déplore 493 tués chez les mutins, dont 100 femmes et 75 enfants. Auxquels il faut ajouter les 86 blessés qui n'ont pas été exécutés. Les militaires indiens quant à eux, auraient perdu 334 hommes, dont 86 morts et 248 blessés.
Le Temple d'Or souillé du sang des insurgés et profané par les bottes des assaillants, est considéré comme une insulte irréparable par les extrémistes sikhs. Cet attaque militaire appelée « Opération Blue star », ne pouvait rester impunie selon les Sikhs. Elle aura pour conséquence le 31 octobre de la même année, l'assassinat d'Indira Gandhi, abattue par ses deux gardes du corps de confession sikhe.
Aujourd’hui, Sikhs et Hindous ont enterré la hache de guerre et évitent d’évoquer cet épisode tragique de leur récente histoire. La raison l'a emporté face aux ressentiments. Dans leur Temple sacré, les Sikhs accueillent de nouveau tous les visiteurs, offrant le gîte et le couvert à ceux qui en font la demande. Sans distinction de statut social ou de religion. Un principe à méditer.
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