Au-delà des pratiques médicales qui s'apparentent à une médecine de guerre, Bernard crée Action Bénarès, afin de recueillir des fonds destinés à fournir gratuitement les médicaments dont ses patients ont besoin. Jusqu'à sa mort en 2007, il formera des soignants sur le terrain, des gamins des rues pour la plupart. L'un d'entre-eux a même obtenu un diplôme d'infirmier, grâce au financement de l'association.

Photo prise sur "Dashaswmed Gath", sur les rives du Gange. C'est là qu'en 1974, Bernard-Yves Sabot a posé pour la première fois sa malette médicale

Depuis 45 ans, l'équipe d'Action Bénarès, aujourd'hui constituée de six aides-soignants et d'un infirmier diplômé, dispense toujours une aide médicale gratuite aux indiens les plus démunis. Des pauvres parmi les pauvres qui vivent dans les bidonvilles ou dans la rue. C'est là, sur le terrain de la détresse et de la misère, que l'association intervient quotidiennement.

Mais la petite Organisation non gouvernementale (ONG) s'est aussi donné pour mission de secourir les femmes brûlées. Des femmes qui faute d'avoir pu s'acquitter de leur dot auprès de leur belle-famille, sont brûlées vives. Une pratique criminelle toujours en usage en Inde. Rares sont celles qui en réchappent. Et celles qui s'en sortent, doivent leur salut à Action Bénarès qui intervient sept jours sur sept, dans le service des grands brûlés de l'hôpital gouvernemental de Varanasi. Sans une prise en charge médicale et financière par l'association, ces femmes seraient jetées à la rue. Pas d'argent ; pas de soins.
Dans cet hôpital, l'association traite également de nombreux brûlés, victimes d'explosions de réchauds au kérosène. Le mode de cuisson le plus dangereux du monde et le plus répandu en Inde.

Le bidonville de La Kharbuza abrite plusieurs centaines de familles. Nombre d'enfants n'ont jamais été déclarés à leur naissance. Sans existence légale, ils ne peuvent prétendre à la moindre aide médicale des réseaux officiels


L'hôpital gouvernemental où l'association intervient. Pas de photos de femmes brûlées sur ce site. Juste une scène de soins pour un mendiant, dont la jambe est rongée par la gangrène


La léproserie de Kashi. Si les malades de cette petite communauté d'une quarantaine de familles, ne sont plus contagieux, leurs plaies nécessitent des soins à vie

Dans la rue, dans le bidonville, dans la léproserie de Kashi ou à l'hôpital, chaque mois Action Bénarès soigne en moyenne quatre-cents brûlés, deux-cents lépreux et une soixantaine de cas de gangrène. En comptant les enfants des rues et du bidonville, situé derrière la gare, Action Bénarès réalise mensuellement plus de huit-cents interventions.
L'équipe est parfois renforcée par des bénévoles occidentaux, professionnels de santé ou non, qui, à leurs frais, consacrent une partie de leurs vacances en s'engageant dans des séjours solidaires sur le terrain de la misère.

Un budget mensuel de 1.500 €

Actuellement l'association ne survit que grâce aux cotisations de ses adhérents. Elle ne reçoit aucune subvention. Tout l'argent reçu est intégralement reversé pour les interventions sur le terrain. Son budget de fonctionnement est 1.500 € par mois. Ce qui permet à peine de financer l'achat des médicaments et d'assurer les maigres salaires de l'équipe soignante.

L'un des projets de l'ONG est d'assurer la réinsertion sociale des femmes brûlées, répudiées par leurs familles. Le programme prévoit la mise en place d'un atelier de tissage de soie. « La soie de Bénarès », réputée dans le monde entier. La production pourrait s'intégrer dans le réseau du Commerce équitable. Faute de moyens, il n'a toujours pas vu le jour.

En revanche, afin de maintenir le lien social, Action Bénarès assure coûte que coûte, les sorties dans un parc d'attractions, au profit des enfants du bidonville. Une action initiées par Bernard-Yves Sabot au début des années 1980. Deux à trois sorties sont organisées chaque année. A chaque fois, à tour de rôle, un groupe d'une quarantaine d'enfants bénéficie de cette sortie qui se termine systématiquement par un bon repas dans un restaurant de quartier.
En raison des maigres ressources de l'association, cette initiative est désormais financée sur les fonds propres de Philippe Mayor, l'actuel président d'Action Bénarès.

Bernard-Yves sabot est décédé en 2007. Mais son œuvre se poursuit contre vents et marées. Il aura tout donné à l'Inde. Jusqu'à ses cendres.