Mes poèmes d’hier furent tissés de pleurs,

De prières et de songes teintés de douleurs.

Je les aurais voulus ciselés dans un pur cristal

Buriné jusqu’aux bords d’une coupe spéciale.




Fussent-ils nés de ma peine ou jaillis du bonheur,

Fussent-ils éclatés d’un rayon du soleil frondeur,

Auraient-ils, aux boisseaux, répandus sur le sable

Tout l’or des océans, en mes mains, inépuisable,




Ils ne m’appartiennent plus car ma lyre, à l’instant,

Déraisonne sans façon et offre au désir du passant

Ces vers qu’un ange anime en tourbillons incessants.

Des rimes alors s’allument dans mon cœur si aimant




Et s’élèvent jusqu’aux cieux comme un nouvel encens.

Je sais que je dois sourire à ce destin aux larmes étoilées,

Enfantées des tourments infligés par l’amant inconstant

Qu’un amour insolent et trompeur, quelques temps, fit briller.




Passe mon chant devenu sourd sur des ombres engourdies

Par la béance du souvenir hors d’atteinte et évanoui.

Quand lasse de ces amours qui ne mènent à rien,

J’irais toucher du cœur un ailleurs obscur et serein…


©Valériane