Alors que je me promenais en forêt,

Un elfe ailé magnifique vint à me parler.

- Sais-tu, me dit-il, que tu lui ressembles !

Je fus si étonnée que je crus rêver.

Surprise, étais-je éveillée ?

- A qui donc mon bel ange ?

- A la fée Viviane qui hante

Nos bois ce dimanche…

Sais-tu qu’ici c’est Brocéliande ?

Baissant les yeux, sur la mousse

De petits lutins me regardaient.

Ils sautent, se trémoussent…

Et moi, de mes grands yeux effarés

Les regarde batifoler, si petits et si bien faits.

Je me dis en mon for intérieur :

- Où est Merlin, mon enchanteur ?

- Qu’en ai-je fait, Seigneur ?

- Tu l’as enclos dans une tour de verre

Toi seule, ma fée, connais ce grand mystère

Puisque c’est toi qui lui a jeté ce sortilège.

Lui, t’avait instruit de tous ses privilèges.

Pour le garder, tu l’as emprisonné…

N’entends-tu pas ses cris, il t’appelle !

Ainsi tu l’as rendu éternel.

Délivre-le de sa torture, ma mie.

- Mais, je ne le puis, ai-je dit !

L’ai envoûté de ma magie.

Mes charmes puissants sont diableries…

Nul ne pourra jamais le sortir de mes maléfices

Ainsi, il sera à moi pour l’éternité.

Vois, il s’est endormi, sur un dernier sourire.

- Il rêve à mes dentelles

Et je l’ai rendu immortel !...

©valeriane