L’image en question


Afin de me tenir au courant des dernières nouveautés en termes de matériel j’ai dernièrement acheté le Déclic-Photo de mars. Je ne suis pas certain que ce magazine soit le plus objectif dans ces tests (y a t’il un magazine qui le soit ?) Mais il constitue une bonne vitrine de la production mondiale d’appareils photos.
Outre le contenu habituel dénombrant toutes les nouveautés 2010 (et il y en a !) je suis tombé sur un éditorial très intéressant de Denis Boyard (page 19).
Le débat dont il s’agit est à mon sens un véritable débat de fond sur l’avenir de la photographie et qui plus est de ceux qui en vivent.

L’accès aux images, dans le sens le plus large du terme, est devenu quasi universel pour deux raisons ; Une la liberté pour tout un chacun de prendre des photos quand il veut où il veut grâce aux Smartphones et compacts en tout genre facilement accessibles ; Deux, la diffusion des ces photos se fait pratiquement sans aucune censure sur les multiples sites communautaires présents sur la toile.
Il suffit de se rendre à n’importe quel concert pour s’en rendre compte. Les services d’ordre sont impuissants contre l’invasion des myriades d’écrans de portables allumés qui filment et photographient à l’encontre des lois sur les copyrights et la propriété intellectuelle.
Quant aux sites auxquels je faisais allusion plus loin, il suffit de s’y rendre pour voir l’étendu de l’utilisation des images. On y trouve de tout, de la fête familiale aux voyages en passant par le porno.



La photo amateur se porte bien. On en est de plus en plus convaincu.



La photo professionnelle, comme l’exprime bien l’article de Denis Boyard ne l’entends pas de cette oreille. Elle est mise à mal par cette déferlante d’image venue de tous horizons qui ; sans l’avoir cherché ou voulu, dévalorise un métier reconnu jusqu’alors artistique. Je ne dis pas que les amateurs ne font pas de photos de cet ordre, bien au contraire, mais le but n’est pas le même. Les photographes professionnels vivent de leur art et il semble que cela devienne de plus en plus complexe et ardu que par le passé, où, faire appel à un professionnel était gage de qualité et de savoir-faire.
Pour exemple, beaucoup d’entreprises où de professions utilisent actuellement eux même des appareils numériques pour leurs publications sans nécessairement faire appel à un professionnel et ce, dans un souci économique, essentiellement.



La qualité délivrée par des appareils de plus en plus accessibles en termes de coût favorise cette démarche. Pour rebondir sur l’article cité plus haut, il n’est pas rare de voir aux JT des reportages pris sur le vif avec des téléphones portables, la qualité ne se justifiant plus dans ce cas, l’information et les images chocs priment sur cet aspect passé mineur ; Tout du moins dans la photo de reportage.



Bientôt un grille pain sur mon CoolSix2012 isX ?

Les fabricants s’évertuent à produire des appareils de plus en plus performants, de plus en plus innovants et ce, à des tarifs de plus en plus bas. Le commerce de l’image est devenu une véritable frénésie qui profite aux amateurs en premier lieu mais n’arrange pas les affaires des professionnels.


L’image est à la fête. Pour s’en convaincre, il suffit d’arpenter les couloirs du salon de la photo de Paris. La fréquentation est à la hausse et il est bien difficile de se frayer un chemin pour accéder aux stands des grandes marques prises d’assauts et des animations du genre de celles du stand Adobe ; de la folie !
Les nouveaux compacts 2010 volent aux bridges ce qui ont fait leur succès à leur époque ; leur zoom démesuré. Il est courant de trouver des appareils proposant des 25-250 ; 24-300 et autres. Non content de cela, ils en remettent une couche en incorporant des fonctions vidéo Full HD. C’est la mort des Caméscopes à court terme ; la fin des bridges à brève échéance. Ces derniers, pour survivre, proposent des focales impensables il y a peu ; 24-680 chez Pentax ! et 28-840 chez Olympus ! Un record.
Et ce n’est pas fini ! Les compacts équipés de GPS fleurissent ça et là, les connections wifi continuent leur bout de chemin et certain projettent leurs photos grâce à un mini projecteur.
Gadget ? Probablement, coups marketing ? Sans aucun doute.
Par contre, les véritables innovations sont ailleurs ; Nouveaux types de capteur (Fuji et Sony) plus performants en basse lumière, et choses nouvelles, objectifs et zooms à grande ouverture, et ça, c’est un réel progrès qu’il faut saluer.
Bref, nos compacts d’antan sont loin et ceux de 2010 deviennent terriblement tentants. De quoi laisser votre reflex dans son sac douillet ?


Pas si sur. Coté reflex, il n’y a jamais eu autant de choix. Les appareils dits »Entrée de gamme » se parent de modules AF, capteurs et autres de leurs ainés entrainant les consommateurs dans une jungle où la notion de « gamme » est bien difficile à appréhender.
Mais attention ! Il y en a qui pourraient bien faire de l’ombre à ce concept « reflex » qui a certainement connu ses plus belles heures de gloire avec l’argentique.
Se profile déjà à l’horizon une nouvelle « race » de boitier avec qui il va falloir compter de plus en plus ; les compacts à objectifs interchangeables. On connaît les récents acteurs qui se nomment Panasonic et Olympus et on connaît leur succès, mais Samsung va certainement semer le trouble en arrivant avec un produit équipé d’un capteur Cmos APSC plus ambitieux que le déjà bon micro 4/3. Samsung n’a pas fait les choses à moitié, le NX10, puisque c’est de lui qu’il s’agit est proposé avec une gamme optique bien étudiée qui sera très complète. Du zoom standard au pancake à grande ouverture.

Il y a fort à parier que ce boitier ne sera que le premier d'une grande lignée, dont il semble que Sony avec son prototype présenté recemment, veuille également sa part du gâteau.


Pour ma part, je serai moins pessimiste que Denis Boyard sur la destiné des pros de la photo mais je reste très songeur sur le devenir des futurs appareils photos tous types confonfus. Y aura t il un jour un "standard" d'appareil photo ? Ou bien, les fabricants proposeront -ils, comme le montre actuellement la tendance du marché, un produit pour chaque type d'utilisateur ?
Pas simple, les ingénieurs ont de quoi s'arracher les cheveux dans un marché qui devient de plus en plus complexe, aussi bien pour le novice que pour l'amateur averti.
A quoi ressemblerons nos APN dans seulement cinq ans ? Verrons-nous bientôt nos téléphones portables capables de rivaliser avec du matériel pro d’aujourd’hui ? Rien n’est impossible vu comment les choses évoluent.
Ce qui est certain c’est que cette montée en puissance du commerce de l’image profite avant tout aux amateurs en leur offrant des appareils extraordinaires et impensables il y a seulement quelques années.



Alors, peu importe le flacon, pourvu que l’on ait toujours cette ivresse d’images que nous partageons tous.



PierreG