Elle est l’heureuse surprise des nominations aux Oscars 2016.Celle qu’on n’attendait pas, entre Jennifer Lawrence et Cate Blanchett.Qui plus est, pour un petit film anglais, très éloigné des grosses productions hollywoodiennes qui font généralement les « rôles à Oscars ». Àl’âge des « Oscars d’honneur » (69 ans), après une carrière exemplaire (Les Damnés, Portier de nuit, Max mon amour, Adieu ma jolie, La Cerisaie, Sous le sable…), Charlotte Rampling pourrait connaître la consécration suprême pour son rôle de septuagénaire en crise dans 45 ans, le nouveau film d’Andrew Haigh (Week-end). Avant de s’envoler pour Hollywood, la plus française des actrices anglaises nous a parlé du film, des Oscars et du fameux « mystère Rampling »

Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre nomination?
D’après vous?J’en suis très fière. Les Oscars, c’est comme les Jeux Olympiques. Si j’étais sportive, je ferais tout pour y aller, comme mon père qui a gagné une médaille d’or en course à pied en 1936.La différence, c’est qu’en sport on sait qui arrive le premier.Les actrices, c’est plus difficile à départager.Celles qui sont nommées sont toutes bien, forcément. J’estime qu’on a toutes gagné : être nommées c’est déjà le truc.

Pensiez-vous avoir une chance?

Malgré l’Ours d’argent qu’on a gagné à Berlin avec Tom Cortenay, je n’aurais jamais pensé que le film puisse être sélectionné.C’est tout sauf un film à Oscars. Mais il a été tellement apprécié partout où on l’a montré qu’il a fini par faire son chemin tout seul.C’est ça qui est beau! Ce n’est pas un film construit pour plaire, comme Spielberg peut en faire. C’est un petit film indépendant…C’est le cœur des gens qui va les trouver ces films-là.

Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce rôle?

L’histoire de ce couple m’a bouleversée à la lecture du scénario. Le rôle permettait de faire ce que j’aime le plus : expérimenter, révéler beaucoup avec le moins de mots possible, Comme dans le film de François Ozon (Sous le sable N.D.L.R).D’ailleurs, on a coupé beaucoup de scènes explicatives, qui étaient dans le scénario.Sur le tournage, le réalisateur a tout de suite vu que c’était plus intéressant de laisser les émotions s’exprimer d’elles-mêmes.


Connaissiez-vous déjà votre partenaire?
Seulement son travail. On ne s’était jamais rencontrés. Du coup, sur le tournage on passait tout notre temps ensemble, car il fallait créer l’idée d’une relation longue de 45 ans. À la fin, on faisait même nos courses ensemble. J’avais envie de l’engueuler tout le temps à cause de sa lenteur, comme si j’étais réellement sa femme! (rires).
La fin est énigmatique.Cela va encore alimenter le « mystère Rampling »
Je pense que c’est quelque chose qui est en moi.C’est ma nature profonde et j’aime beaucoup jouer avec. Toute ma vie, j’ai cherché des rôles autour de ça. Je ne joue pas la comédie, au sens strict, comme le font d’autres acteurs. La base de mes rôles, c’est moi.Mais on peut faire toutes sortes de variations autour, heureusement (rires).

Quels sont vos films préférés?

Je n’en ai pas.Celui-là est marquant, dans le sens où il a trouvé l’amour partout.Mais j’en ai eu d’autres.Il n’y a pas de rupture dans ma carrière, juste une continuité.Pour encore quelques années j’espère bien!

Le titre anglais du film, 45Years, rappelle celui d’une chanson de David Bowie.Sa disparition vous peine?
Oui, beaucoup.Je le connaissais depuis les années 70.C’était un homme fascinant et un artiste important pour notre pays, comme l’a bien dit Paul McCartney. Il a eu de très beaux hommages.Son dernier disque est un bel adieu.