Où sont passés la finesse et le talent avec lesquels Danis Tanovic abordait la guerre dans No Man’s Land? Ici tout pèse des tonnes : les personnages font cliché (normal pour les photographes, un peu moins pour le psychiatre, expert en maïeutique et en tortures franquistes, incarné par Dracula en personne), les situations sont archiconvenues, les acteurs en font des caisses (un Colin Farrel barbu et chevelu en pleine crise de rédemption christique), les dialogues sonnent faux, la construction, tout en flash-back, est répétitive et scolaire... Eyes of War ne vaut vraiment que pour ses premières minutes, avec le formidable personnage du médecin (incarné par Branko Djurik), qui achève d’une balle dans la tête les blessés les plus grièvement atteints pour ne pas encombrer inutilement son hôpital de campagne. Lorsqu’on le quitte au bout d’un quart d’heure, on sait déjà que le film s’est trompé de héros. C’est son histoire qui méritait d’être racontée.