Gilles est travailleur précaire - 22 heures par semaine - payé au SMIC...

Il vient de toucher sa paie de Janvier.

Gilles fait ses comptes : quand il aura réglé ce qu'il doit à une copine qui l'a hébergé quelque temps - elle ne lui a rien demandé en échange - elle est homosexuelle - il lui restera 200 euros pour "vivre" en février.

Il sait qu'il n'ira pas bien loin avec cette manne...

Il va devoir à nouveau chercher un toit. Des copains lui ont signalé que près de la voie ferrée, derrière la Gare du Centre-ville, il y avait un campement de travailleurs précaires comme lui.

Pour se tenir chaud les "campeurs" ont installé un brasero autour duquel ils se réunissent lorsque la nuit est tombée. Ils se racontent leurs histoires, chantent des chansons de leurs pays, accompagnés par celui qui joue de la guitare.

Ils ont travaillé dans les champs, sur les chantiers, dans les sous-sols d'un entrepôt. Et ignorent de quoi demain sera fait. Des bruits de licenciements courent partout. Déjà, ils n'ont pas grand chose, demain peut-être ils n'auront rien...

Hier, 29 janvier, ils ont entendu les bruits de la manifestation qui se répandait autour des remparts de la cité, à des années-lumières!...

Gilles l'avait rejointe, cette foule qui défilait pour témoigner que les temps étaient durs pour qui n'est pas banquier, ou "représentant du peuple". Et qui criaient leur inquiétude ou leur colère.

Il s'était senti concerné, mais pas vraiment convaincu que tous ces cris, ces chants, ces banderoles, avaient du sens pour lui, qui ce soir dormirait peut-être à la rue. Plus possible de s'allonger à la gare sur une banquette, elle est fermée la nuit, gardée par des molosses et des maîtres chiens.

Alors, il est reparti prendre tranquillement son service à la pompe à essence ou il est employé, avec son pécule en poche. Il avait le sentiment d'être encore riche... de toutes ses espérances. Ce soir, il serait temps d'aviser...

Demain, 31 janvier, serait un autre jour...

Nous sommes le samedi 31 janvier 2009!

A moins que j'ai, un peu, anticipé...

Se tiendront DEMAIN, les Assises de la SOLIDARITé ( je ne sais plus le titre exact ), à l'initiative de Madame la Députée-Maire d'AVIGNON...A MONTFAVET! Près du C.H.S... là où sont enfermés les "fous".

Des actes ou des discours rebattus ?

Au pied du mur, nous verrons le maçon sur son chantier. Mais il ne sera pas présent, seulement "représenté"!