“L’Europe en formation a eu un tort immense dès le début, tort heureusement réparable à condition de le vouloir : celui de n’avoir pas opté pour une langue internationale artificielle. Une langue que ne pourrait revendiquer aucun peuple, une langue ultra-simplifiée quant à la grammaire, à l’orthographe, à la syntaxe. Il en est une, l’espéranto. J’avoue ne pas l’avoir apprise. Je la suppose imparfaite, comme toute entreprise humaine, mais pleine de bonnes intentions. Pourquoi n’a-t-elle même jamais été proposée ? L’apprentissage ? Certainement beaucoup plus facile que celui de l’hébreu, langue archaïque fort complexe, qui a pourtant été imposée en Israël et, ma foi, semble fonctionner à la satisfaction générale.“
Il remit ça dans son roman "La belle fille sur un tas d'ordures“ : (Paris : Ed. Archipel, 1991), dans lequel il dressait un portrait peu reluisant de notre société. L'un des chapitres se termine par un post scriptum qui ressemble à un clin d'oeil :
P.S. A propos… Dites-moi. Pour-quoi aucun gouvernement au monde n'a-t-il jamais proposé, (à l'O.N.U., par exemple) la promotion d'une langue ultra-simplifiée ? L'espéranto, ou une autre. On me dit que l'espéranto, au vocabulaire trop européen, ne ferait pas l'unanimité. Or, l'anglais, irrésistiblement, s'impose… Il n'est pas particulièrement simple, ni logique ! Ils ne veulent pas de l'espéranto ? Ils auront l'anglais. Tant pis pour leurs gueules. (Février 1989)
A une autre occasion, à Pau, il donna cette dédicace :
Charb et Cabu furent parmi les personnalité signataires de la pétition pour l'espéranto comme langue facultative au bac (seconde liste): http://esperanto-au-bac.fr/spip.php?page=signataires

Le beau père de Bernard Maris, économiste, chroniqueur à France Inter et Charlie Hebdo, Maurice Genevoix,
secrétaire perpétuel de l'Académie française disait:
"Ce que je souhaite, et ce que je souhaite vivement, ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que les nations se soucient d'abord de tout ce qui peut les rapprocher, de tout ce qui peut les amener à une compréhension et à une tolérance mutuelle - et dans ce domaine-là une seconde langue, vraiment internationale et commune, peut être - cela va de soi - d'extrême conséquence, d'une bienfaisance sans prix, pour les générations à venir...
L'espéranto n'est pas du tout une langue uniforme, une langue robot, mais, au contraire, une langue naturelle et souple...
L'espéranto est en mesure d'exprimer les nuances les plus subtiles de la pensée et du sentiment, elle est propre à permettre, par conséquent, l'expression la plus juste, la plus littéraire, la plus esthétique et il ne peut pas porter ombrage aux fidèles des langues nationales...
"
(Maurice GENEVOIX (1890-1980) écrivain français. Interview à la radio sur la chaîne nationale par Pierre Delaire, le 18 février 1955, extraits)

Certains médias qui vantent la liberté d'expression et de l'information ne sentent aucune gêne, loin de l'esprit Charlie, à entourer l'espéranto d'un mur de silence.

PS:
Il convient d'ajouter que parmi les dessinateurs tués le 7 janvier 2015 au siège de Charlie Hebdo, Cabu et Charb avaient été parmi les premiers signataires de la pétition pour l'espéranto au bac. http://e
ip.php?page=signataires#premiers_signatairessperanto-au-bac.fr/sp


AUTRE COMMENTAIRE PASSÉ Á LA TRAPPE, mis à la suite de celui-ci le 17 janvier vers 9h. 19 :

Il apparaît évident que chaque homme ayant voué sa vie à l’espéranto comme solution universelle à tous les problèmes de la terre est éminemment supérieur à tous ses congénères qui ne sont que de sombres crétins n’ayant pas compris qu’ils avaient là affaire à l’alpha et l’omega, la Theory of Everything incarnée.

La pédanterie en plus de la récup’, de mieux en mieux

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Une présentation aussi simpliste de la question confirme à l'évidence que ceux qui n'ont ni connaissances ni arguments ni références n'ont d'autres ressources que la calomnie. Pas grave : l'espéranto en a connu bien d'autres :

Pour les nazis, c'était une langue de juifs et de communistes; pour les staliniens, une langue de petits bourgeois et de cosmopolites; avant, une comtesse russe l'avait désigné comme une "langue de francs-maçons diaboliques"; ailleurs, en Hongrie, un chef de police le qualifia de "langue de voleurs"; au Brésil, il fut traité de “langue de communiste“; des usagers furent considérés dans d'autres circonstances et d'autres lieux comme des espions, des mauvais patriotes ou des traîtres, etc.

La propagation de calomnies et de rumeurs a toujours été facile là ou régnaient le totalitarisme, le conditionnement, l'inculture, l'ignorance et la superstition. Elle l'est même dans des caricatures de démocratie. Il s'agit, encore aujourd'hui, de cacher l'existence de l'espéranto, d'en donner une image déformée à la jeunesse comme aux décisionnaires, d'amener le public à penser qu'il n'existe pas, qu'il s'agit d'une chose oubliée, qui appartient au passé, que c'est une "utopie", que ça n'a jamais marché, que ça ne peut pas marcher, que c'est inutile puisqu'il y a l'anglais, puisque l'anglais est l'espéranto d'aujourd'hui, un nouvel espéranto (“Is English a new Esperanto ?" :
http://www.esperanto-sat.info/article352.html ), de faire passer ses usagers pour des naïfs, des fantaisistes, des demeurés, des illuminés, des “retardataires idéalistes“ (Michel Polacco, "Le sens de l'info", France info). La propagation de l'anglais comme langue véhiculaire entraîne la mondialisation du “décervelage à l'américaine“ dénoncée par le professeur Herbert Irvine Schiller de l’Université de Californie à San Diego, grand sociologue et spécialiste des médias.

Le plus drôle, c'est que Zamenhof avait déjà prévu ce genre de comportement à l'encontre des inventeurs :
“Le premier plumitif venu écrit à leur sujet des articles et des commentaires “spirituels”, sans même se donner la peine de se rendre compte par lui-même de quoi il retourne ; et le public, qui suit toujours les braillards comme un troupeau de moutons, rit et s’esclaffe, sans même se demander, ne fût-ce qu’une minute, s’il y a une goutte de bon sens ou de logique dans toutes ces “spirituelles” moqueries. Il est bien vu “de ne parler de ces idées-là qu’avec un sourire ironique et méprisant, parce que A. et B. et C. le font” ; sachant d’avance qu’“il n’y a rien de sensé là-dedans”, chacun redoute d’être rangé parmi “ces imbéciles”, même si, pour une minute seulement, il prenait cette folie au sérieux. Les gens se demandent étonnés “comment, à notre époque, de tels énergumènes peuvent apparaître dans le monde et pourquoi on ne les enferme pas dans des asiles d’aliénés”.
Mais le temps passe. Après beaucoup de combats et de souffrances, les “excentriques” parviennent à leur fin. L’humanité s’est alors enrichie d’un trésor nouveau, dont elle va bénéficier largement de diverses manières.

Du coup, les circonstances changent. Ayant acquis de la force, l’idée nouvelle paraît aux gens tellement simple, tellement “évidente” de par elle-même qu’on ne s’explique pas comment on a pu vivre sans elle depuis des milliers d’années
."
("Esenco kaj Estonteco de la ideo de Lingvo Internacia" — traduction française : http://esperanto-france.org/essence-et-avenir-de-l-idee-d-une-langue.)