Tu m'attendais au bord de ton chapeau

les yeux frisant sous l'ombre du feutre

ta poitrine nue ouvrait les pans de ta chemise



Tu me jaugeais de tes bras sûrs

la fumée de ta cigarette en point d'interrogation

le dossier de ta chaise en parloir



Oh j'ai dansé

talon haut, talon plat

ma robe rouge se soulevait dans l'effroi

se tendait vers l'abstraction

coulait le long de ma jambe

mon corps en tension vers le nord

vers le sud et l'arrache des bras

dont la croix portait ce qui serait mon chemin



j'ai dansé, disais-je

la vague du temps me portant

au flux et reflux des marées, des années

d'herbe tendre aux pavés noirs et blancs

tous les fleuves savent mes mouvements

et s'accordent à me prendre dans leurs bras

le temps d'un tango, le temps d'une sévillane

le temps d'un fado

"Partir é morrer um pouco"



C'est mon dernier tourbillon

la scène de ma vie se traverse en diagonale

le rouge de ma robe m'enveloppe

Mon regard couteau

mes chaussures banderilles