J’habitais une jolie petite maison à Magnanville, dans une rue où j’avais plein de copains et de copines.
Quelquefois, ils venaient à la maison pour gouter. Je connaissais aussi tous les miaous du quartier, Maman leur donnait du lait.
Elle donnait aussi des graines pour les petits oiseaux l’hiver. Que je t’aime Maman.
Papa m’avait promis de rentrer tôt et qu’il m’apporterait des crayons de couleur, j’avais hâte qu’il rentre mon fort papa policier, quand je serai grand je ferai policier comme lui…
Quelqu’un a frappé à la porte, je n’avais pas encore mangé, j’étais enroulé dans les jambes de maman qui préparait le diner. J’ai couru pour savoir qui était là, ce n’était pas papa mais un monsieur très sombre, avec un air méchant, avec ses grandes enjambées, il m’a fait tomber.
Maman hurlait, jamais je n’ai entendu maman crier si fort, comme j’avais peur ! Que se passait-il ? Pourquoi maman s’est écroulée en tenant ses mains toutes rouges autour de sa gorge ?
J’ai fait pipi dans mon pyjama tellement j’avais peur, je tremblais, le sombre monsieur qui a fait du mal à maman criait des choses que je ne comprenais pas, Allah Akbar, je crois, il disait qu’il ne savait pas quoi faire de moi…
J’avais mal aux oreilles, tout ce bruit, des explosions comme dans les films de guerre que je regardais, caché derrière le canapé pour ne pas me faire attraper par Papa.
Papa me disait que la guerre ce n’était pas de mon âge, que j’étais trop petit pour regarder, que j’avais de la chance d’être dans un grand et beau pays où la première des Libertés est la sécurité des citoyens…
Des dames très gentilles m’ont emmené, Maman était recouverte d’un drap blanc avec des grosses taches de sang dessus, je l’ai appelé, j’ai pleuré et j’ai crié Maman pourquoi tu ne me réponds pas, tu ne m’aimes plus ???
Elles m’ont emmené dans un bel hôpital à Paris il s’appelle Necker. Les gentilles dames m’ont laissé avec d’autres dames toutes aussi gentilles qui me souriaient…
Un grand monsieur, très impressionnant, m’a parlé gentiment, je ne comprenais pas tout, mais il semblait très gentil aussi.
Les dames et le monsieur m’ont emmené dans une grande salle qui sentait drôle, les médicaments ou des produits de nettoyage. J’ai demandé si Maman allait venir et où était Papa…
J’ai entendu, encore entendu des hurlements, des explosions, des coups violents sur les vitres de l’hôpital, tout le monde avait peur et on m’a fait partir dans une chambre située dans les étages.
J’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu des gens habillés tout en noir qui cassaient les vitres de l’hôpital...
J’ai 3 ans et demi, j’habite en France, et tous les faits essentiels que je vous ai racontés sont vrais.


récit narré par MIMI qui m'a donnée l'autorisation de le publier